“ Sans titre.” Mine de plomb et encre sur papiers collés. 50 x 65cm. 1994-97.


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<>23.11.2001

     
Dessin (les corps fantômes, la face infigurable). La face ne peut être formée, là est la grande difficulté; mon rapport avec le tableau comme constitution d’une forme, n’est pas un dialogue même figuré; ce sont mes premières énergies, toutes mes forces forcées dans l’épaisseur d’une feuille de papier qui tient à la mémoire du volume. 


<>20.11.2001

     
Dessin.
Du corps, le symptôme : c’est encore la question de face. Mais opposer absolument la face à la « façade », comme ce qui se livre, se révèle par opposition à ce qui s’enferme sur sa propre essence, bloque l’accès à l’intime, ne m’apporte pas grand chose s’il ne s’agit que de couvrir de nouveaux mots, moins que le combat inactuel entre être et chose, visage et idole, la simple opposition entre avers et envers.
 
Lu – De surcroît, J.L. Marion : « Seul un visage peut nous regarder : lui seul vient s’exposer sur le mode de la rencontre » : quelle expérience viendra jamais au secours de cet idéalisme? Ce qu’il décrit comme un état positif de fait, n’existe (presque) jamais, et ce presque, entre quelles mains qui ne le brisera pas, se trouve-t-il? . « Car apparaître pour la figure humaine ne signifie justement pas forcer quelque visible hypothétiquement en réserve à s’étaler encore plus sur l’aplat du tableau ; cette recherche conduirait à une objectivation frénétique d’autrui, donc au massacre de l’innocent (ex : expressionnisme, Picasso, Soutine, Bacon). (quel « autrui » réchappé de sa figuration?) (…) La face n’apparaît pas, elle se manifeste par la responsabilité qu’elle inspire à mon adresse. Rothko avait pressenti ce que Lévinas fait entendre : la façade interdit de peindre la face (que Rothko nomme « le drame humain »), il faut choisir entre soit tuer la face (l’encadrer dans la platitude du tableau; la mettre à mort dans l’idole), soit se « mutiler » en tant que peintre. » (p.92-96) Toute figuration, toute « formation », toute réduction à deux dimensions est la mutilation-princeps.


<>05.11.2001

            
Dessin (les fantômes). Des fils, des traits, des trajectoires, des périhélies, des vapeurs; pas d’organes, rien qui se densifie, s’opacifie. Mais corps de questions, de possibilités interpellantes ; j’échoue à rester là à l’équilibre; le dessin verse du côté de l’allusion, du sans-matière, de translucidités qui ralentissent mais faiblement la fébrilité des nuées. 
Ma manière doit trop au visuel. Réunir les conditions pour qu’une sorte de « chair » vienne, par retards, asynchronies; erreurs; et repentirs, ils comblent comme aucun autre geste.


<>13.02.1994

     
Attendre la dépose du papier et de ce qui se passe, une déposition – mais c’est là façonner, ombrer et dénombrer, loin de la lumière de l’attente. 


<>11.02.1994

     
Attendre que quelque chose monte du papier, ou se pose – un coup d’aile – qui s’attarde, flotte sur l’étendue fantômatiquement. Figure d’« il n’y a plus d’être. »
Faire de ma passivité la plus active défaisance.


<>07.12.1993

 
Il n’y a plus de corps. De corps-à-dessiner, de corps. De corps à voir c’est à dire, qui ouvre ma vue. Est-ce depuis 50 ans qu’il nous est devenu si difficile, impossible peut-être, de voir ce que nous voyons ? Ont cessé d’exister et le peuple à l’accomplissement du divin, et l’Incarnation. Dessiner maintenant c’est cerner des apparitions, et espérer au mieux figurer une phénoménologie de la disparition ; tenir par la manche des fantômes, formations proprement plastiques (prestidigitatrices). Mais me retourner, regarder par dessus les évènements?

Le fantôme appartiendrait entièrement, exclusivement, à la vue, au domaine visuel : symptôme d’un corps sans figure, sans face ?